Sur la philosophie allemande la plus récente

de Arnold RUGE, traduit, présenté et annoté par Lucien CALVIÉ

Le rapport entre ceux que Ruge n’appelle pas encore les intellectuels, dont D. F. Strauß, Bruno Bauer, Ludwig Feuerbach et Max Stirner, et le peuple allemand est implicitement présent à l’arrière-plan de ce texte de 1845-1846. Un peuple allemand qui ne parviendra pas, en 1848, à construire son unité nationale par la voie démocratique et révolutionnaire, échec lourd de conséquences, de Bismarck et du IIe Reich au IIIe. Mais qui est au juste ce peuple ? La question peut aussi être posée sur tout autre peuple. C’est par ce biais difficile, malgré son apparente simplicité, qu’il faut aborder le trop peu connu Ruge dans sa confrontation avec l’infiniment plus connu Marx.

Arnold Ruge (1802-1880) est le plus politique de ces héritiers critiques de Hegel que furent les Jeunes hégéliens, également connus comme Gauche hégélienne. Il fut, dès avant 1848, d’un point de vue démocratique et révolutionnaire, et non pas libéral, le premier critique de Karl Marx au cours de leur commun exil à Paris de 1843 à 1845, autour du projet avorté d’Annales franco-allemandes : un seul numéro paru en 1844, et sans aucune participation française malgré l’insistance de Ruge auprès de républicains, socialistes et communistes comme Louis Blanc et Étienne Cabet.
Dates
Créé le 25 septembre 2025