Axe Prose et Poésie

Responsables : Y. Iehl / N. Lapchine / K. Wimmer


L’axe prose/poésie se propose d’étudier en 2010-2014 la réception des contre-cultures dans la prose et la poésie allemandes. La notion de « contre-culture » sera envisagée au sens défini par Theodore Roszak dans son ouvrage The making of a counter culture (1968) comme mouvement d’opposition aux valeurs de la culture dominante doublé d’une aspiration à la mise en place d’une société permettant l’émancipation et l’épanouissement de l’individu, donc la réalisation de « l’utopie concrète » au sens du philosophe Ernst Bloch.
Comment la littérature s’est-elle approprié et a-t-elle représenté, voire diffusé, les idéaux des mouvements contre-culturels qui sont nés aux Etats-Unis et se sont ensuite diffusés en Europe et en particulier en Allemagne de 1960 à nos jours ? Dans quelle mesure la crise de la conscience utopique après l’échec des révoltes politiques de 1968 et la dépolitisation des utopies, sensibles à partir des années 70, ont-elles cédé la place à d’autres formes d’engagement et d’aspirations émancipatrices ? Quel écho ces phénomènes ont-ils trouvé dans la littérature de la RFA et de la RDA ?

D’un point de vue méthodologique, l’analyse des rapports de convergence, voire de divergence (voir notamment les positions d’Enzensberger) entre littérature, protestation politique et contre-cultures, unies a priori par une même opposition à l’égard de l’ordre existant et un désir de transformation de la société, soulève la question de la fonction de la littérature envisageable à la fois comme « fait social » et comme « phénomène esthétique ».
Dans cette optique, la réflexion portera en particulier sur les différents processus de transfert culturels et de littérarisation des contre-cultures ainsi que sur leurs prolongements divers, notamment à travers l’émergence et le développement de la Popliteratur, des années 70 jusqu’à nos jours, et le phénomène très spécifique de la littérature du Prenzlauer-Berg en RDA, qui constitue un exemple inédit de « subculture littéraire ». Une attention particulière sera ainsi portée à la fonction subversive et émancipatrice de la littérature à partir de 1968, de même qu’à sa fonction mémorielle dans la mesure où elle devient le réceptacle de la « mémoire culturelle » (Assman).

On se demandera encore dans quelle mesure la réception en littérature des différents mouvements contre-culturels puis alternatifs depuis 1960 s’est accompagnée, dans la prose et la poésie, d’un renouvellement des pratiques d’écriture, des modes de diffusion des textes, des thématiques, d’une hybridation générique, voire d’une abolition de la hiérarchie des genres. Dans cet ordre d’idées, on mettra en évidence le recours massif à l’intermédialité qui va de pair avec une réhabilitation des genres dits mineurs (bande dessinée, littérature de distraction par exemple), dans le paysage littéraire des pays de langue allemande. On verra ainsi que la "révolution culturelle" s’est accompagnée d’une véritable "révolution esthétique" qui a modifié durablement les domaines littéraires de la prose et de la poésie.

Manifestations


  • Journée d’études IRPALL* sous la direction scientifique de Yves Iehl (CREG) et Jean Nimis (Il Laboratorio) : « Le récit bref au miroir de l’adaptation cinématographique dans l’espace européen » (23. 5. 2014, UTM)

  • Journée d’études sous la direction scientifique de Katja Wimmer : « Modèle/Imitation/Copie » (Printemps 2014, UPV)

  • Journée d’études IRPALL* sous la direction scientifique de Yves Iehl (CREG) et Jean Nimis (Il Laboratorio) : « Texte, image, transformations, métamorphoses : nouvelle et devenir autre aux XXe et XXIe siècles – Récits brefs et Arts visuels en regard » (31. 5. 2013, UTM)

  • Journée d’études IRPALL* sous la direction scientifique de Yves Iehl (CREG) et Jean Nimis (Il Laboratorio) : « Cadre et représentation dans la nouvelle européenne aux XXe et XXIe siècles – Récits brefs et Arts visuels en regard » (1. 6. 2012, UTM)

  • Journée d’études sous la direction scientifique de Christina Stange-Fayos et Katja Wimmer : « Jeux de rôles, jeux de masques. » (27. 11. 2009, UPV)
          Bilan
 
* Cf. partenariat CREG/IRPALL