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Appel à contributions – Colloque junior "Contacts, échanges et confrontations"
Ce colloque junior a pour objectif d’interroger les contacts, échanges et confrontations qu’ont pu entretenir les différents acteurs de ce que nous nommons en français le patrimoine. Historien·ne·s, historien·ne·s de l’art, architectes, urbanistes, législateur·ice·s, critiques d’art, universitaires, ces acteurs et actrices ont contribué à l’élaboration de champs d’études variés, complémentaires, mais souvent trop cloisonnés les uns par rapport aux autres. Il est question de mesurer l’impact des échanges et leur réception sur la construction des doctrines de conservation et de restauration des œuvres et des monuments d’art et d’histoire à la fois à l’échelle des États, mais aussi au niveau international. Le déplacement tant des œuvres que des praticien·ne·s participe également à cette réflexion et s’intègre dans la thématique des transferts culturels.
Lors d’un entretien en 2021, Bernard Toulier se rappelle des difficultés rencontrées lors d’une mission européenne, en abordant les notions du patrimoine, tant les conceptions, les vocabulaires, les formations et les pratiques sont empreints de spécificités nationales.
Naïvement, je pensais alors qu’il n’y avait qu’une seule façon de voir le « patrimoine », concept récent apparu en France dans les années 1980. […] Et j’avais désormais vingt personnes devant moi qui pensaient totalement le contraire en inversant l’ordre de ces valeurs patrimoniales à la française ! […] On a vu alors les limites des égocentrismes nationaux : nous étions en grande partie issus de méthodes qui prônaient au final une histoire de l’art national. Comment alors, à partir d’une histoire nationale, construire un patrimoine commun ? [1]
Alors qu’existent depuis plus d’un siècle des conventions et des chartes internationales proposant un regard commun sur ces questions, envisager le patrimoine d’un seul et même regard semble impossible. C’est peut-être justement dans la multiplicité des approches que se joue la construction d’une notion transdisciplinaire et transnationale du patrimoine.
Ce colloque a pour objectif d’interroger les contacts, échanges et confrontations qu’ont pu entretenir les différents acteurs de ce que nous nommons en français le patrimoine. Historien·ne·s, historien·ne·s de l’art, architectes, urbanistes, législateur·ice·s, critiques d’art, universitaires, ces acteurs et actrices ont contribué à l’élaboration de champs d’études variés, complémentaires, mais souvent trop cloisonnés les uns par rapport aux autres.
Alors qu’au XVIIIe siècle le regard porté sur les œuvres, les sites et les artéfacts du passé fait émerger les problématiques de conservation, de restauration et de reconstruction de témoignages antérieurs, le XIXe siècle teinte ces questionnements d’idéologies nationales, en pleine période de formation des États-nations. Les grands conflits du XXe siècle, et l’ampleur de destructions qui en résultent ont engendré une réflexion commune quant à la place du patrimoine au sein des sociétés. Aujourd’hui, les États travaillent sur ces questions à différentes échelles, grâce à des législations propres, mais aussi des organes de travail collectif au niveau de l’Europe ou des Nations Unies.
Il est question de mesurer l’impact des échanges et leur réception sur la construction des doctrines de conservation et de restauration des œuvres et des monuments d’art et d’histoire à la fois à l’échelle des États, mais aussi au niveau international. Le déplacement tant des œuvres que des praticien·ne·s participe également à cette réflexion et s’intègre dans la thématique des transferts culturels[2].
S’il existe des ouvrages ayant traité du développement des doctrines et des politiques en matière de conservation, protection et restauration du patrimoine, du XVIIIe siècle à nos jours, peu ont traité les échanges, qu’ils soient coopératifs, amicaux ou conflictuels entre les théoricien·ne·s et praticien·ne·s de chaque pays. Pourtant, comme l’ont montré Michael S. Falser[3], Michaela Passini[4] ou encore Sylvie Arlaud[5], les politiques et les discours sur les monuments, le patrimoine et la culture se sont aussi construits par rapport à celles mises en place dans les pays voisins.
Ce colloque sera l’occasion de se concentrer sur ces champs transdisciplinaires, en mettant l’accent sur la pluralité des échanges positifs, négatifs, collaboratifs ou conflictuels entre les acteurs et les actrices des arts et du patrimoine. Il offrira également l’opportunité de réfléchir aux méthodologies appropriées pour évaluer, commenter et mesurer l’impact de ces échanges tant sur la pratique de la conservation-restauration que sur les questionnements théoriques.
Les espaces francophones et germanophones nous intéressent tout particulièrement, sans pourtant exclure les autres États européens, au regard, d’une part, des frontières mouvantes de l’Europe durant ces derniers siècles ; et d’autre part, car les mobilités des biens et des personnes ont porté les échanges sur les questions de patrimoine au-delà de frontières fixes. Nous souhaitons ainsi questionner le rôle de ces échanges dans l’élaboration des doctrines et politiques en matière de monuments, de patrimoine, d’œuvres d’art, à plusieurs échelles : locales, nationales, internationales. Il s’agira également de comparer la teneur et l’évolution de ces contacts entre différents acteurs internationaux au fur et à mesure que se construisent et s’institutionnalisent les sciences du patrimoine, de la culture et de l’art[6].
Le colloque proposera quatre axes principaux :
- Relations, correspondances et tribunes
- Lieux, institutions et structures de rencontres
- Publications, éditions, traductions
- Mobilités des œuvres, mobilités des personnes
L'appel complet est à télécharger en pdf.
Modalités de soumission des propositions
Les propositions de communication devront comporter en plus du résumé de la contribution envisagée (max. 500 mots) une courte bio-bibliographie, ainsi que les coordonnées institutionnelles. Le colloque junior se déroulera en français et en allemand, les propositions de communication peuvent se faire dans l’une des deux langues. Les propositions de communication devront être envoyées jusqu’au 1er décembre 2023 aux adresses mail suivantes :
solene.scherer@univ-lorraine.fr
Le colloque sera tenu en hybride, à la fois sur le campus du Saulcy, Amphithéâtre Simone Veil à Metz, Université de Lorraine et en ligne, les 30 et 31 mai 2024. Des démarches seront entreprises pour pouvoir défrayer les intervenant·e·s. Le comité d’organisation prendra en charge les frais de repas (pauses déjeuner et café) pour l’ensemble du groupe.
Comité scientifique :
- Sylvie Arlaud, Sorbonne Université
- Gabriele Dolff-Bonekämper, Technische Universität zu Berlin
- Michael Falser, Technische Universität München
- Godehard Janzing, Universität Marburg
- Dominique Poulot, Université Panthéon-Sorbonne
[1] Michler, Frauke, et Bernard Toulier. « Comprendre le patrimoine de l’Autre. Interview de Bernard Toulier, Conservateur général honoraire du patrimoine, Ministère de la Culture, Paris. » In Denkmalwelten und Erbediskurse, par Simone Bogner, Sylvia Butenschön, Jurek Elzanowski, Stephanie Herold, Kirsten Krepelin, Frauke Michler, et Gülsah Stapel, 173‑79. Berlin : Urbanophil, 2021, p.175.
[2] Michel Espagne, Michael Werner, Transferts : les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand (XVIIIe et XIXe siècle), Paris, Editions Recherche sur les civilisations, 1988
[3] Michael S. Falser, Zwischen Identität und Authentizität. Zur politischen Geschichte der Denkmalpflege in Deutschland, Dresde, Thelem, 2008.
[4] Michela Passini, La fabrique de l’art national : le nationalisme et les origines de l’histoire de l’art en France et en Allemagne, 1870-1933, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2012.
[5] Sylvie Arlaud, « Les revues d’art viennoises de la fin de siècle ou comment construire une nation », Germanica, 2008, no 43, p. 183‑192.
[6] À propos de l'imbrication "trans-culturelle" à plusieurs échelles du concept de patrimoine culturel en ce qui concerne les processus globaux d'échange et de circulation, du savoir-faire en matière de conservation du patrimoine, des acteurs et des institutions, ainsi que des notions et des concepts, et ce, également sur le plan méthodologique et en relation avec les dimensions nationales, coloniales et globales, voir : Michael S. Falser, Monica Juneja (éd.), Kulturerbe und Denkmalpfpege transkulturell. Grenzgänge zwischen Theorie und Praxis, Bielefeld, transcript, 2013.