Le Jeu dans les pays de langue allemande, approches culturelles et artistiques

La thématique du jeu a d'abord été abordée lors de quatre réunions communes en 2008 et 2009. Des exposés ont fixé des cadres chronologiques et théoriques : théories de Caillois et Huizinga, pratiques et critiques de « l'amusement » au siècle des Lumières, « pulsion de jeu » chez Schiller.
Il en ressort que, d'un point de vue anthropologique, le jeu serait un des éléments constitutifs de toute forme culturelle, selon Huizinga, et déjà Schiller avait constaté dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'Homme que le jeu est indissociable de la notion d'humanité.
Caillois met pour sa part l'accent sur le caractère gratuit du jeu humain, « activité libre », et introduit une classification selon les critères : agôn, alea, mimicry, ilinx, les jeux témoignant du degré d'évolution des sociétés. En ce sens, le jeu peut prolonger les règles de la société et avoir des vertus éducatives.
 
  • Deux journées d'études ont porté respectivement sur « Jeu et théâtre » (Montpellier, resp. : P.Wellnitz), « Jeux de masques » (Montpellier, resp. : C. Stange-Fayos, K. Wimmer).

  • Puis trois journées d'études vont traiter de « Jeu et simulation dans l'apprentissage des langues et cultures étrangères. Historique, situation présente, perspectives » (Montpellier /Toulouse : resp. : R. Sauter, M. Godé, F. Knopper) afin d'étudier le rôle joué dans l'apprentissage des langues et cultures étrangères par l'activité ludique et la simulation de situations réelles : il s'agit, à partir d'une rétrospective historique, de faire le bilan de la situation présente en France et de réfléchir au rôle que jeu et simulation auront à jouer à l'avenir dans la didactique des langues à l'école et à l'université.
    Vu le centre de gravité de l'EA 4151, l'allemand fournira un nombre important d'études de cas.

  • Enfin, un colloque international réparti sur les deux sites traitera une thématique commune « Entre liberté et contrainte : le Jeu dans les pays de langue allemande. Approches culturelles et artistiques », du 18 au 20 mars 2010 à Montpellier (volet A, resp. : P. Wellnitz) et du 20 au 22 septembre 2010 à Toulouse (volet B, resp. : M. Coustillac, F. Knopper).

    • Le volet A privilégiera les règles du jeu entre contrainte et liberté artistiques, le  jeu  ayant à la fois sa raison d'être en lui-même et requérant des éléments construits pour fonctionner en tant que tel. Selon Wittgenstein, la difficulté à définir une fois pour toutes ce que recouvre la notion de  jeu  peut être au moins réglée provisoirement en en fixant des limites arbitraires. C'est à cela que s'attachera ce colloque.En littérature, on pensera aux règles de l'art qui vont de la poétique de Opitz aux règles du théâtre classique jusqu'aux schémas narratifs de la prose. Le phénomène du jeu sera considéré du point de vue d'une esthétique de la production comme activité créatrice soumise à une intentionnalité spécifique, ou d'un point de vue thématique comme traitement d'un thème se prêtant à une utilisation métaphorique.
      L'étude de ces aspects du jeu s'accompagnera d'une réflexion sur le contexte : ainsi la modernité théâtrale, narrative et poétique qui se caractérise par l'émancipation des codes, du principe de la mimesis s'avère particulièrement propice au développement d'une conception de la littérature comme art autonome ou comme création avant-gardiste de pratiques d'écritures ludiques, voire d'écritures dramatiques débouchant sur des pratiques scéniques. On s'intéressera également à l'analyse des catégories fondatrices du jeu en tant que telles. Si la poésie et le théâtre jouent avant tout avec leurs langages, les œuvres en prose thématisent en revanche souvent le jeu, ce qui permet de relier le fond à des formes novatrices.
       
    • Le volet B, « Jeu, compétition et pouvoir », s'intéresse aux formes de jeu politique, économique, éducatif, sportif, rhétorique, théâtral, littéraire où s'exprime ou se crée un rapport de force ou de domination. La sociologie fournit, à cet égard, des clés : Elias a pensé le jeu comme modèle de structure sociale et défini la « société de cour » notamment comme un « grand jeu » ; Caillois fait de l'agôn une des principales caractéristiques des sociétés évoluées, plus précisément démocratiques, qui tendraient à élargir le domaine de la compétition réglée, idéalement fondée sur le principe de juste concurrence entre partenaires égaux en droit.
      La compétition est donc encouragée par les institutions officielles, permet de susciter l'émulation, de maîtriser l'agressivité. Sont examinés les critères qui transforment le jeu en compétition et vice versa, les modifications que cela implique dans le processus régulateur initial, les objectifs qui peuvent alors se greffer sur celui de l'émulation.