Féminisme et national-socialisme

Publié le 22 octobre 2016 Mis à jour le 8 janvier 2018
le 8 décembre 2016
18h30
Maison de Heidelberg
4 rue des Trésoriers de la Bourse
34000 Montpelllier

Conférence de Christina Stange-Fayos

Le NSDAP n’a jamais caché sa réticence à l’égard des femmes en politique. Les femmes devaient se cantonner aux domaines de la famille et de la maison. « La mission politique naturelle » de la femme était la maternité. Le mouvement féministe avait, selon Hitler, « pour devise le combat contre l’homme » et passait pour être à l’origine de la baisse des naissances. Des campagnes contre le double salaire prônaient l’éviction des femmes de postes de responsabilité, et un quota d’accès aux universités démontrait une conception réactionnaire du rôle de la femme qui se rattachait aux idées du XIXe siècle. Le mouvement féminin était farouchement rejeté, Rosenberg préconisant d’« émanciper la femme de l’émancipation ».

A l’inverse, les féministes, qui s’étaient pourtant battues pour obtenir le droit de vote et d’éligibilité en 1918/19, ne rejetaient pas en bloc tous les aspects de l’idéologie NS, allant pour certaines jusqu’à y déceler des possibilités d’émancipation. Ce fut notamment le cas de la figure de proue du mouvement des femmes allemand, Gertrud Bäumer (*1873-1954). Or, le mouvement était en crise : outre les divergences dans ses propres rangs et le manque d’enthousiasme de la jeune génération pour la cause, les attaques des antiféministes devaient être repoussées. Aussi, une confrontation avec le discours NS était-elle inévitable. Un débat eut lieu en 1933-34 dans les colonnes de la revue Die Frau, éditée précisément par G. Bäumer, que les NS qualifiaient de « démocrate féroce » et qui fut pourtant accusée de collaborationnisme après 1945. Le faire revivre permettra de constater que les rapports entre féminisme et national-socialisme furent plus compliqués qu’on pourrait le penser au premier abord.

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