Autour de Opéra Wonyosi de Wole Soyinka

Publié le 5 octobre 2015 Mis à jour le 18 février 2022
le 7 octobre 2015
17-19h
Librairie Ombres Blanches

Rencontre avec Christiane Fioupou

Rencontre autour de l’Opera Wonyosi de Wole Soyinka paru aux éditions Présence Africaines en 2014 avec Christiane Fioupou, professeur émérite en Études Anglophones et Africaines et traductrice de la pièce. La rencontre sera animée par Catherine Mazellier-Lajarrige, maître de conférences en Études Germaniques, et Matilda Diez, étudiante en Arts du Spectacle, toutes trois à l’université Toulouse-Jean Jaurès, avec des lectures et des chants.
 
Wole Soyinka, est né à Abeokuta, au Nigeria. Son œuvre protéiforme est irriguée par les cultures yorubas, nigérianes, africaines, européennes et par les cultures du monde. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1986. Dramaturge, metteur en scène, acteur, poète, essayiste, romancier, il est l’auteur de plus de 20 pièces de théâtre, dont certaines sont des réécritures de textes européens (Les Bacchantes d’Euripide, Baabou roi, à la manière d’Alfred Jarry, traduit aussi par C. Fioupou et Opera Wonyosi).

Opera Wonyosi a été créé en 1977 au Nigeria, quelques années après la fin de la guerre civile, quand la manne pétrolière s’était transformée en malédiction avec son cortège d’excès, de luxe tapageur et de violence. Librement adapté de L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht (1928) et de L’Opéra du gueux de John Gay (1728), Opera Wonyosi est une satire décapante de l’arrivisme, de la corruption et des abus de pouvoir d’une société obnubilée par les pétrodollars et par le wonyosi, étoffe d’un prix exorbitant portée comme symbole de réussite par les « en-haut-de-en-haut » et autres grands de ce monde.

Dans Opera Wonyosi, Soyinka explore toutes les potentialités de la scène, de la musique, du chant et des dialogues pour faire de sa satire féroce un feu d’artifice visuel, musical et verbal. Et à ceux qui pensent que cette pièce est trop fortement ancrée dans l’actualité du Nigeria pour être jouable, on pourrait rétorquer que l’avant-propos écrit par Soyinka en 1980 sur le pouvoir et la pérennité des dictatures garde toute sa pertinence et qu’Opera Wonyosi peut facilement être transposé à notre monde contemporain « mondialisé ». Comme le dit au public Anikura, le roi des Mendiants, lorsque Mack est gracié par l’empereur Boky dans la liesse générale : « Ah bon, ça vous surprend ? Ça ne devrait pas. Nous, les hommes d’influence, de pouvoir si vous voulez, nous nous respectons mutuellement. Et comme nous parlons le même langage, nous arrivons en général à nous entendre. » Et il conclut sur cette phrase qui pourrait bien résumer l’un des grands thèmes qui parcourent la pièce : « Le pouvoir est délicieux. »  Christiane Fioupou